Film russe réalisé par Ruslan Fedotow, Where Are we Headed dresse un portrait impersonnel du métro de Moscou, où wagons et personnes passent, se fondent et se confondent. Aussi belle qu’elle est ennuyeuse, la proposition du réalisateur n’est pas convaincante. En lieu et place d’une exploration jouissive et dynamique du métro de Moscou, le film s’endort et nous plongeons avec lui. Découvert dans la sélection de documentaires en compétition du Festival international du film politique de Carcassonne, le film a remporté l’un des deux prix dédiés au long-métrage documentaire, décerné par un jury étudiant.
Le film est issu d’un tournage au long court, étalé sur plus d’un an, bien qu’il donne l’impression d’assister à une seule et unique journée de fête populaire. Nette réussite plastique : tous les cadres sont léchés et précis, magnifiés par un format 2:35 opulent. Loin de l’esthétique documentaire qu’on pourrait attendre d’un film de cet ampleur : l’ensemble est particulièrement coloré et le choix du 35mm peut surprendre dans un film où le réalisateur souhaite être discret.
Ce choix de la pellicule est d’autant plus étonnant que peu de films documentaires tournent en pellicule pour des questions de coût. En documentaire, les cinéastes ont la nécessité de tourner bien plus longtemps qu’en fiction, et donc de consommer plus de pellicules. Tout cela donne à Where Are we Headed une esthétique fictionnalisante : le spectateur à l’impression de voir une image qui respire la « fabrication » et non pas la spontanéité. On pourrait croire à l’intervention d’une équipe technique et artistique, alors que ce n’est pas le cas.
Principal défaut du film : le rythme. Chaque scène est étirée dans le temps et chaque nouvelle proposition devient d’un ennui mortel passé l’émerveillement des premières secondes. Le réalisateur s’attarde sur des détails qui semblent sans importance et laisse passer des personnages mériteraient un film dédié. On croise successivement des groupes de jeunes, des nationalistes, des fêtards, un père noël, des enfants, des policiers et des vendeurs à la sauvette. Tous apparaissent et disparaissent avant que le spectateur ne puisse véritablement apprendre à les connaître.
Where Are we Headed est plutôt un film muséal, que l’on regarderait sans le voir, dont on apprécierait quelques images mais qui s’essouffle et s’effondre dans la lenteur instauré par son propre rythme. Une heure est passée, le film ne nous a rien montré, et les groupes de personnes qui semblaient si intéressantes, sont loin maintenant…