Résumé
À l’occasion de la sortie au cinéma le 6 novembre de Voyage à Gaza, nous découvrons le travail documentaire d’un jeune réalisateur franco-italien, Piero Usberti.
Le titre du film invite à la découverte de la bande de Gaza, ce territoire où il s’est rendu en 2018, à 25 ans, dans le but d’aller à la rencontre de la jeunesse gazaouie. Cinq ans plus tard, le 29 septembre 2023 – la date est importante puisqu’antérieure d’une semaine aux attaques du Hamas du 7 octobre — Piero Usberti achève son montage réalisé en solitaire.
Le contexte de la guerre a transformé la destinée du film et son importance historique. La destruction du territoire gazaoui, les milliers de morts civils et la mécanique génocidaire de l’État d’Israël ont suscité une grande curiosité pour le peuple palestinien et les habitant·e·s de Gaza. Les images de Piero Usberti sont devenues de précieuses archives de son voyage et de la vie d’un peuple avant son exil forcé — les protagonistes ayant tous·te·s fui la bande de Gaza depuis un an.
Avec Piero Usberti, nous sommes revenus en détail sur le long processus de fabrication de ce documentaire autoproduit. Entre journal de voyage et reportage, Voyage à Gaza se distingue par son style, tendant vers l’essai voire le pamphlet, force d’une pensée du cinéma nourrie de références littéraires et cinématographiques (de Louons maintenant les grands hommes de James Agee à Il était une fois un merle chanteur de Otar Iosseliani), comme de lectures philosophiques et historiques sur l’histoire de la Palestine.
Voyant son rôle de cinéaste un devoir de prendre au corps de plus en plus les problématiques politiques et de justice de son temps, Piero Usberti a également pensé son film à mi-chemin entre une dimension participative (intrinsèque à ce tournage immersif) et une expression subjective (renforcée par le montage fragmentaire et sa voix off) . En suivant le quotidien d’un été et la révolte qui gronde, il a non seulement recueilli la parole des gazaouis, mais aussi restitué la puissance des amitiés, à la hauteur des enjeux de leur lutte, et de la vie.
Cet entretien s’inscrit dans une série au long sur les voyageurs-créateurs, qui pratiquent l’art du reportage avec la création visuelle, littéraire et artistique au sens large : avec le reporter Quentin Müller, spécialiste de la péninsule arabique ; Florent Marcie, cinéaste-reporter qui parcourt les terrains de conflit au long cours depuis 35 ans, ou Loup Bureau, qui avait réalisé un geste similaire à Piero Ubserti en allant filmer une tranchée en Ukraine, cinq ans avant que le conflit prenne une tout autre ampleur.
LES CHAPITRES
00:00:00 – Introduction
00:02:56 – Être cinéaste : recherche personnelle
00:05:49 – Transcender le reportage
00:11:30 – Découvrir Gaza : voyage+film
00:17:45 – Rentrer et séjourner dans la Bande
00:27:57 – À la rencontre de la jeunesse gazaouie
00:36:07 – Un tournage chaotique, débordant et surprenant
00:39:13 – Filmer la Marche du retour et la créativité de la lutte
00:46:43 – Tourner seul, en autoproduction et en DV
00:57:00 – Le son : perception et abandon de soi
01:00:54 – Un montage solitaire de cinq ans
01:12:58 – L’écriture de la voix off du narrateur
01:21:40 – Du côté des victimes d’injustice et de la révolte
01:26:51 – De l’entrelacement d’un montage son magnétique
01:30:01 – Présence subjective et humble illégitimité
01:34:54 – Une expérience collective, joyeuse et estivale
01:41:29 – Une sortie nationale… et une grande curiosité
01:52:42 – Chantiers futurs entre fiction et documentaire