Résumé
Découvert dans la subversive sélection « Diagonales » du festival Premiers Plans d’Angers, Astrakan s’est révélé être un beau premier long-métrage, offrant un regard tendre et brut sur l’enfance. Rencontrer David Depesseville nous a permis de retracer pas-à-pas les gestes qui ont conduit à la création de ce portrait sensible d’un orphelin, Samuel.
Enfant placé dans une famille rurale et précaire du Morvan, il rejoint un foyer composé d’une fratrie et deux parents. Marie et Clément ont accueilli Samuel par nécessité financière (l’allocation versée en échange de cette prise en charge), mais le considèrent peu à peu comme un troisième fils. Malgré tout cela, Samuel demeure de fait un étranger dans cette famille.
Le travail de cinéaste de David Depesseville commence dès l’écriture du scénario. Étape à la fois solitaire et laborieuse, elle lui permet « d’indiquer la sensation et la direction du film ». Astrakan, ce sont avant tout des personnages. Le réalisateur-scénariste souhaite restituer à travers eux la complexité de la vie et mettre en place une dialectique.
Un travail d’écriture précis et détaillé qui se prolonge au découpage, en collaboration avec son chef opérateur, Simon Beaufils. « C’est là que se fait l’écriture cinématographique » pour le réalisateur, qui aime cette partie où il donne la « direction esthétique et narrative du film » en détaillant les plans, les cadres et insérant des photogrammes d’autres films.
David Depesseville revendique d’avoir réalisé son film « en réaction un certain cinéma ». Parmi les choix esthétiques forts qui lui permettent de « déréaliser le film », l’utilisation d’un support pellicule 16mm et le montage d’ultime séquence lyrique, « libération et réel décollage » permettant de « rendre le spectateur très actif ».
Lycéen, David Depesseville écrivait sur les films. Il a continué cette pratique réflexive dans un carnet et souhaite que le spectateur, lui aussi, soit troublé par ses images : « J’aime bien les films qui demandent à repenser le film a posteriori. Remettre en cause la perception du spectateur me semble être la moindre des choses pour continuer de s’interroger sur qu’est-ce qu’une image ? qu’est-ce que je vois ? comme je la vois ? » Tout un programme et une confiance folle dans le cinéma pour le réaliser.
LES CHAPITRES
00:00:00 – Introduction
00:01:43 – D’une cinéphilie secrète au désir de filmer
00:10:54 – Puissances mélodramatiques de l’orphelin
00:18:22 – Insuffler un souffle dès le scénario
00:23:43 – Samuel et la mémoire traumatique
00:29:33 – Écrire des personnages complexes
00:37:30 – Choisir les acteurs, voix et corps
00:43:12 – Chuchotements et confiance
00:49:26 – Le travail essentiel du découpage
00:57:58 – Naturalisme et réalisme
01:07:25 – Faire délirer le film
01:13:27 – Les images au service de la musique
01:23:05 – Continuer à filmer, à pratiquer